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Cancers, troubles du sommeil, vertiges... Les éoliennes sont-elles vraiment dangereuses pour la santé ?

Des éoliennes presque aussi hautes que la tour Eiffel à 540 mètres des villages

 

https://www.lci.fr/bien-etre/cancers-troubles-du-sommeil-vertiges-les-eoliennes-sont-elles-vraiment-dangereuses-pour-la-sante-energie-2118595.html

 

 

Cancers, troubles du sommeil, vertiges... Les éoliennes sont-elles vraiment dangereuses pour la santé ?

 

POLÉMIQUES - Depuis quelques années, le nombre d'éoliennes sur le territoire français s'accroît, pour atteindre 7.370. Une augmentation qui suscite les inquiétudes concernant les effets de ces installations sur la santé. Nous avons cherché à connaître leur bien-fondé.

 - Charlotte Anglade

"Il paraît que le bruit des éoliennes provoque des cancers", lançait Donald Trump le 2 avril devant le Comité national républicain. Ce n'est pas un secret, ce fervent défenseur du charbon n'aime pas les éoliennes. Et il n'est pas le seul. Cinq jours après l'allocution du président américain, la tête de liste RN pour les élections européennes Jordan Bardella déclarait sur le plateau du Grand Rendez-vous Europe 1-Les Echos-CNews que "les ondes qui sont dégagées [par les éoliennes] sont extrêmement nocives pour la santé". Dans le même temps, son parti lançait une campagne "Stop éoliennes".

 

Mais si cette vague de critiques à l'égard des éoliennes semble avant tout motivée par des ambitions politiques, les éoliennes cristallisent bel et bien, sur le terrain, les inquiétudes des principaux concernés : les citoyens. Dans le Centre-Val de Loire, des habitants de deux villages du Cher se mobilisent ainsi depuis plusieurs mois contre l'implantation de six éoliennes près de leurs habitations, qui n'est pour l'instant qu'à l'état de projet. Ils craignent notamment de subir les soucis de santé (céphalées, vertiges...) dont font actuellement l'expérience les habitants de Nozay, en Loire-Atlantique, où un parc éolien a été installé en 2012.

Des éoliennes presque aussi hautes que la tour Eiffel à 540 mètres des villages

"La société Nordex a l'intention d'implanter six éoliennes en bordure des communes de Menetou-Râtel et Sens-Beaujeu. Or ces installations sont absolument monstrueuses !", s'inquiète auprès de LCI Laurent Fauroux, vice-président de l’association des Moulins à vent du Sancerrois, qui se bat contre ce projet avec l'aide de deux avocats. "Elles vont mesurer plus de 200 mètres de haut, soit les deux tiers de la tour Eiffel, et les pales sont longues de 132 mètres, soit la largueur d'un Boeing 747".

 

Au-delà de la taille de ces gigantesques moulins à vent, c'est surtout leur proximité avec les habitations qui inquiète le militant. Nordex France prévoirait en effet d'installer l'éolienne la plus proche à 540 mètres des premières maisons. "L'implantation que nous proposons est le résultat d'un an et demi d'études et de concertations avec les habitants", assure à LCI l'un des employés de la société. Malgré le mécontentement toujours présent de certains riverains, comme Laurent Fauroux, il est selon lui difficile de modifier les plans en raison d'un lot important de contraintes, "comme les distances vis-à-vis des haies pour protéger les oiseaux et les chauves-souris". 

 

Bien que les 540 mètres qui doivent séparer la première éolienne des habitations respecte la distance minimale réglementaire, fixée en France à 500 mètres depuis 2012, elle reste pour autant très faible si l'on en croit les recommandations de l'Académie nationale de médecine. Celle-ci avait demandé en 2006 "de suspendre à titre conservatoire la construction d’éoliennes d’une puissance supérieure à 2,5 MW à moins de 1500 mètres des habitations", puis réitéré ces recommandations dans un rapport de 2017. Or ici, les éoliennes en question doivent avoir une puissance de 3,6 MW. 

 

Contacté par LCI.fr, le rapporteur Patrice Tran-Ba-Huy affirme que malgré l'insistance de l'Académie pour revoir cette distance réglementaire, le gouvernement fait pour l'heure la sourde oreille. En réalité, le Sénat avait bien, en 2015, augmenté cette distance à 1.000 mètres dans le cadre du projet de loi de transition énergétique, avant que l'Assemblée nationale ne revienne sur la décision. Elle considérait que le relèvement du seuil minimal ne pouvait "constituer une solution proportionnée" aux inquiétudes des riverains pour leur santé et pour les paysages

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Au Danemark et au Royaume-Uni pourtant, la distance entre l'éolienne et les premières habitations doit être quatre fois supérieure à la hauteur du mât, rapporte l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Aux États-Unis, elle doit être au minimum de deux kilomètres. "Avec sa règle des 500 mètres, la France a établi l'une des distances les plus faibles du monde", regrette le vice-président de l’association des Moulins à vent du Sancerrois. 

 

Si le gouvernement refuse pour l'heure de bouger, c'est selon lui pour la simple raison qu'un accroissement de la distance minimale ne lui permettrait pas d'installer autant d'éoliennes qu'il est en train de le faire. C'est effectivement ce qu'argumentait l'Assemblée nationale le 14 avril 2015 lors de la révision de la distance minimale réglementaire de 1.000 mètres : "Cette règle 'aveugle' ne prend pas en compte les spécificités de chaque territoire et réduit considérablement le potentiel de développement de l’éolien en France. Par exemple, en région Centre (devenue depuis Centre-Val-de-Loire, ndlr), avec le seuil actuel de 500 mètres, la surface pouvant accueillir un projet éolien représente 33 % de la surface totale régionale. Avec un seuil fixé à 1.000 mètres, la surface résiduelle serait de 3 %, soit une division par dix. Le ratio serait quasi-identique en région Picardie (4,9 % contre 47 %)."

Des cas de vertiges, céphalées et troubles du sommeil rapportés

Si Laurent Fauroux s'oppose formellement à une distance aussi faible entre son village et les éoliennes, c'est avant tout pour une question sanitaire. "À Nozay, 200 vaches sont mortes depuis l'installation de six éoliennes en 2012 et 15 sont mortes exactement au même endroit. C'est aussi le cas de deux chevaux. L'éleveur concerné affirme qu'il s'agit du lieu où sont enterrés les câbles électriques des éoliennes, même s'il faut pour l'instant parler avec précaution car une enquête est en cours. Mais en consultant les documents qui restituent les discussions qui ont eu lieu au Sénat le 28 février 2019 dans le cadre de la quinzième législature sur l'impact des éoliennes terrestres sur la santé, on apprend aussi que la population y est malade", rapporte-t-il. Céphalées, vertiges, troubles du sommeil ou encore saignements de nez sont en effet cités par l'élu LR des Pays de la Loire, Christophe Priou. Des troubles qui pourraient s'expliquer, selon Laurent Fauroux, par les infrasons émis par les éoliennes.

 

D'après le site indépendant Officiel Prévention, spécialisé sur les questions de sécurité au travail, "l’exposition assez intense et répétitive à des infrasons en milieu industriel (machines tournantes, ventilateurs)" peut effectivement avoir "des répercussions néfastes sur la santé, en provoquant des symptômes physiologiques et psychiques (inconfort, fatigue, irritabilité, céphalées, vertiges, nausées …), variables selon la sensibilité des individus". Or en 2006,  l’Académie nationale de médecine avait réclamé à ce que les parcs éoliens soient classés en "zone industrielle", comparant leur impact sonore à celui des usines.

Cela met en jeu le problème de la susceptibilité individuelle, d'autant que parmi les riverains, tous ne sont pas sensibles.Patrice Tran-Ba-Huy, membre de l'Académie nationale de médecine

Pourtant, Patrice Tran-Ba-Huy ne croit  pas du tout à l'incidence des infrasons dans ces troubles. "Les personnes qui habitent, par exemple, le long d'un métro aérien ont, toutes les cinq minutes, des infrasons infiniment plus puissants que les éoliennes. Et il n'y a pas de syndrome du métro aérien. Cela met en jeu le problème de la susceptibilité individuelle, d'autant que parmi les riverains, tous ne sont pas sensibles", fait-il remarquer. Selon lui, il s'agirait plutôt de symptômes "subjectifs" qui "entrent dans ce que l'on appelle les intolérances idiopathiques environnementales", déjà décrites dans le cas, par exemple, de la perception olfactive d'odeurs de carburants. "Quant aux allégations de Trump concernant le cancer, c'est du pipeau", assène-t-il.

 

Mais s'il considère donc, qu'à l'heure actuelle, il est impossible de lier scientifiquement les éoliennes aux troubles que subissent certaines personnes, Patrice Tran-Ba-Huy concède néanmoins que selon la définition de la santé faite par l'OMS [La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, ndlr], ces installations peuvent bien nuire aux riverains en raison des perturbations psychologiques et sociales qu'elles engendrent (baisse de la valeur immobilière des biens, divisions au sein d'une même commune sur le sujet...). Et d'ajouter : "Dans cette mesure, il est admissible de penser que les éoliennes sont indirectement responsables de ce qu'on appelle le 'syndrome de l'éolienne'". Celui-ci, décrit  dans le rapport de l'Académie nationale de médecine de 2017, regroupe plus de 150 symptômes dont le stress, la fatigue et l'anxiété. "Mais les gens qui habitent près des centrales nucléaires pourraient somatiser aussi, tout comme ceux qui habitent près des usines", rétorque Laurent Fauroux.

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Le poids des lobbies

Malheureusement, indique le membre de l'Académie nationale de médecine, il n'est pour l'heure pas possible de trancher le débat grâce à des preuves scientifiques tangibles. "Toutes les études dont nous disposons actuellement sont faites à l'étranger et il est nécessaire de les analyser avec beaucoup de finesse en raison des nombreux conflits d'intérêts." En France, l'institution milite depuis de nombreuses années pour la mise en place d'une étude épidémiologique, qui n'a toujours pas eu lieu. "Cela s'explique par deux choses. La première, c'est que méthodologiquement c'est très long, très difficile et très coûteux. La deuxième, c'est que le lobby des éoliennes ne milite évidement pas pour que l'on effectue ce type d'étude en France."

 

En attendant, Laurent Fauroux et les autres membres de son association vont continuer de se battre pour que le projet de Sens-Beaujeu et Menetou-Râtel ne puisse pas aboutir en l'état. Une pétition a été mise en ligne dans ce but. "Les éoliennes sont posées pour 20 ans. Il faut 400.000 euros pour en démanteler une. Donc une fois qu’elles seront installées, personne ne va les démonter. Car qui paierait alors l’addition ?"

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Date de dernière mise à jour : 2019-04-24

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