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les plaintes des riverains ne cessent de s'accumuler. TROP DE BRUIT!

Eoliennes. « Echauffour est l’archétype du scandale environnemental ».

Depuis l'installation, au printemps 2019, de cinq éoliennes à Echauffour (Orne), les plaintes des riverains ne cessent de s'accumuler.

https://actu.fr/normandie/echauffour_61150/eoliennes-echauffour-est-l-archetype-du-scandale-environnemental_35336796.html

 Le site éolien d'Echauffour est très proche des habitations, sans doute trop proche
Le site éolien d’Echauffour est très proche des habitations, sans doute trop proche (©Le Réveil normand)

Au printemps 2019, cinq éoliennes construites et exploitées par Voltalia sont mises en service à Echauffour. Depuis, les plaintes des riverains ne cessent de s’accumuler comme l’a rapporté à plusieurs reprises Le Réveil normand.

Le 4 juillet, Fabien Ferreri, un des plus pugnaces représentants des habitants impactés, écrivait dans un mail :

Nous vivons un enfer : il est régulièrement impossible de dormir la nuit et de rester à l’extérieur la journée ».

Selon Philippe Toussaint, président des Vieilles maisons françaises, « Echauffour est l’archétype du scandale environnemental ».

Nouvelle étude acoustique

La première étude acoustique menée fin 2019 n’ayant pas donné les résultats escomptés, « la préfète a signé un arrêté de mise en demeure de Voltalia [l’exploitant des éoliennes, Ndlr] de se conformer à ses obligations et de mener une [nouvelle] étude acoustique », précise Gilles Armand, sous-préfet de Mortagne-au-Perche qui suit ce dossier de près depuis sa prise de fonction.

Lire aussi : Echauffour. Comment cinq éoliennes ont transformé un paradis en enfer

En attendant, lors de la réunion organisée le 15 juin 2020 en mairie d’Echauffour à la demande de la préfète, il a été demandé à l’exploitant de brider au maximum ses machines, durant la nuit. « On a accepté pour apaiser les tensions », reconnaît Clément Lainé, directeur du développement chez Voltalia.

On a à cœur que notre parc soit intégré au mieux au territoire ».

Situation de blocage

L’étude acoustique devait commencer fin juin 2020 mais les riverains chez lesquels les mesures étaient prévues ayant refusé l’installation des micros, rien n’a encore été fait. « On est dans une situation de blocage », note le sous-préfet.

« On avait demandé à avoir le protocole de mesures car la première étude avait conclu qu’il n’y avait pas d’émergence [c’est-à-dire la différence entre le bruit ambiant et celui lié aux éoliennes, Ndlr] la journée, or c’est faux », explique Fabien Ferreri, chat échaudé craignant l’eau froide.

>> lire aussi : A Echauffour, le cauchemar lié aux éoliennes continue

Le protocole nous est parvenu un jour avant la pose des micros. On l’a montré à notre expert acousticien qui nous a conseillé de demander des points complémentaires sinon, nous a dit-il, vous n’aurez jamais la possibilité de contrôler ce qu’ils font ».

Le problème est bien là.

Des normes contestées et contestables

Alors que le cabinet Venathec qui mène l’étude acoustique à la demande de Voltalia s’appuie sur le projet de norme NF S PR 31-114 « Acoustique – Mesurage du bruit dans l’environnement avec/sans activité éolienne », les riverains exigent que les analyses soient réalisées selon la norme obligatoire NF S 31-010, « ce à quoi nous nous refusons, car cela va au-delà de la réglementation applicable aux éoliennes », écrivait le président de Voltalia à la préfète de l’Orne le 22 juillet 2020.

 

Enregistrement effectué le 21 juillet 2020 à 22 h 07 dans le jardin de Fabien Ferreri au Val Soubry avec un sonomètre

Fabien Ferreri décrypte ce refus de Voltalia : « Cette norme est faite pour favoriser les exploitants éoliens car elle écrête les pics. À ce titre, elle ne donne pas une bonne représentation des nuisances et elle n’est pas conforme au code de la santé publique. Or, ce qui me réveille la nuit, ce sont bien les pics ».

Les normes légales ne tiennent pas compte de la réalité ».

Petits arrangements normatifs

Pour preuve la fameuse émergence qui est donc censée calculer la différence entre le bruit ambiant et le bruit résiduel. Celle-ci doit être au maximum de 5 dB le jour et 3 dB la nuit, ce qui laisse penser que si vous habitez en pleine campagne dans un endroit loin de tout, votre niveau sonore doit être très bas, surtout la nuit, ce qui est le cas au Val Soubry où vit Fabien Ferreri.

« La nuit, nous sommes à 25 dB », affirme-t-il, sonomètre à l’appui. Le maximum autorisé dans ce cas devrait donc être de 28 dB. Que nenni ! En effet, pour les éoliennes, un arrêté ministériel de 2011 a remonté le seuil de niveau sonore ambiant à 35 dB, dérogeant ainsi au code de la santé publique qui fixe ce seuil à 30 dB.

Bien pratique ces petits arrangements normatifs !

Tour de passe-passe

Comme l’a fait remarquer Anne-Catherine Loisier, sénatrice UDI-UC (Côte-d’Or) le 17 décembre 2015 :

Ces cinq décibels supplémentaires autorisés pour les éoliennes correspondent, en acoustique, au triplement de la source sonore. Cette dérogation est d’autant plus préjudiciable à la santé des riverains, que les bruits impulsionnels des éoliennes sont considérés, à puissance égale, plus dérangeants que la plupart des autres bruits ».

Pour autant, même avec ce petit tour de passe-passe, Fabien Ferreri a constaté des niveaux sonores bien supérieurs aux 38 ou 40 dB autorisés. C’est ainsi que son sonomètre affichait 46,6 dB le 12 mai 2020 à 6 h 17 ou encore 41 dB le 21 juillet 2020 à 00 h 11, sachant qu’en juillet, les éoliennes étaient censées être bridées.

« Il existe toujours des solutions »

Dans ce cas, une solution est-elle envisageable ? Oui, affirme Clément Lainé, « il existe toujours des solutions » mais « tant qu’on n’aura pas lancé les études, on ne pourra pas améliorer la situation », regrettant cette « situation de blocage ».

Le directeur du développement de Voltalia avance même la possibilité, si cela s’avérait nécessaire « d’arrêter les machines la nuit » mais avant d’en arriver là, il attend le résultat de l’étude acoustique. Il assure que celle-ci durera le temps qu’il faudra pour avoir toutes les données « afin d’avoir une vision globale de la situation ».

Trop près des habitations

Le sous-préfet est nettement plus dubitatif, non pas sur la volonté de Voltalia de chercher à solutionner le problème mais plutôt sur le fait qu’il soit solutionnable. Il laisse clairement entendre que les éoliennes ont été installées trop près des habitations.

La réglementation française n’est pas assez restrictive. 500 m, ce n’est pas suffisant ».

Il a d’ailleurs prévu d’aller lui-même sur place afin de se rendre compte de la situation.

En attendant, il invite les riverains à accepter l’étude acoustique, rappelant que le protocole est conforme à la législation. « Nous, État, on ne peut pas obliger Voltalia à faire autrement ».

Que la loi soit respectée

« Les responsables de Voltalia font ce qu’ils veulent. Personne ne les fait plier », s’insurge Fabien Ferreri qui rappelle qu’il n’est pas un anti-éolien. « Je demande juste que la loi soit respectée. Si vous créez de la désespérance, vous courez à la catastrophe », prévient-il. Comme Sylvie Laplasse, présidente de Sauvegarde de l’environnement en Pays de Courtomer, il promet de ne rien lâcher.

>> Lier aussi : Écologie. Le projet de parc éolien à Trémont divise

Dans l’Orne, Echauffour fera sans doute longtemps figure de cas d’école et d’exemple à ne pas reproduire. Quoique rien ne soit moins sûr même si Gilles Armand annonce que les futures installations feront l’objet d’une « grande vigilance ».

« À devenir fou ou folle »
Annick Bouttier, une habitante d’Echauffour, témoigne de ses problèmes de santé :
« Depuis un peu plus d’un an, je suis sujette à de nombreux problèmes de santé comme bien d’autres Echauffouriens, en particulier vertiges (hospitalisation en février 2020, car vertiges de plus en plus violents), acouphènes 24 heures sur 24, voire douleurs dans les oreilles (je ne connais plus le silence), mes nuits se résument à 3 heures environ (la fatigue et l’épuisement sont là, impossible de récupérer), maux de tête… enfin d’une santé de fer je suis passée à une santé de verre !
Depuis mars 2020, confinement oblige, et télétravail, les problèmes se sont amplifiés, en juin 2020 un examen vidéonystagmographique (VNG) n’a rien décelé d’anormal, et là on commence à me parler de mon environnement, de mon lieu de vie pour en arriver à un possible « syndrome éolien », certaines personnes sont soi-disant plus sensibles que d’autres. À devenir fou ou folle. Et encore de quoi me plains-je, je ne suis pas au Val Soubry ! »

V.C.

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