Les opposants ne désarment pas contre le chantier éolien du parc Ollières-Artigues.

Le chantier du parc éolien d’Ollières-Artigues sous la menace d’une suspension

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PAR PHILIPPE ZAMARI Mis à jour le 30/05/2020 à 15:56 Publié le 30/05/2020 à 16:04

 

Le ciel pourrait bien s’assombrir sur le parc éolien d’Ollières-Artigues en cours de construction, le premier du genre dans le département.

Le ciel pourrait bien s’assombrir sur le parc éolien d’Ollières-Artigues en cours de construction, le premier du genre dans le département. Gilbert Rinaudo

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Déjà objet d’une condamnation en février au tribunal administratif de Toulon, le chantier éolien du parc Ollières-Artigues, qui se poursuit à grande vitesse, fait l’objet d’un recours en référé. Les opposants ne désarment pas.

«Ils s’activent le plus possible, le chantier avance à grande vitesse, ils travaillent même la nuit ! » Alain Bruguier, président d’honneur de la fédération nationale « Vent de colère », observe de près ce qu’il estime être « un véritable passage en force de la part du promoteur »…

Alain Bruguier évoque ici une décision judiciaire, rendue il y a quelques semaines par le tribunal administratif de Toulon , après une action intentée notamment par les associations « Défense du cadre de vie Sainte-Victoire, Plaine d’Ollières, Sources d’Argens » (Decavi) et la SPPEF (« Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France ») - Sites & monuments.

« Les récépissés de déclaration d’antériorité ont été annulés par le tribunal (1) », explique-t-il. À ses yeux, cette décision « suspend les permis de construire, puisqu’une autorisation environnementale est manquante. Ce ne sera pas évident, quand on connaît l’intérêt faunistique du secteur, notamment une zone de nidification de l’aigle de Bonelli, protégé au niveau européen… Mais l’opérateur joue sur les mots en estimant que la décision suspend l’exploitation du parc, et non sa construction. »

En outre, l’entreprise Provencialis, promoteur du projet, a fait appel de la décision du tribunal administratif.

Dès lors, la « SPPEF - Sites & monuments » et « Vent de Colère » ont souhaité poursuivre l’action. « Les différentes administrations concernées, saisies, n’ayant pas souhaité réagir, l’association s’est tournée, le 7 mai 2020, vers le juge des référés », indique la SPPEF. « Il s’agit de faire interrompre le montage des premières éoliennes en l’attente de l’obtention par le promoteur de l’autorisation environnementale. » Espérée en fin de semaine dernière, la décision se fait encore attendre.

Tout ce que la France compte de militants anti-éoliens observe de près la situation du parc d’Artigues-Ollières. « Si le promoteur était condamné in fine à démanteler le parc, je pense que cela constituerait une première », observe le président d’honneur de « Vent de colère ».

Le démantèlement complet d’une éolienne est plus proche de… 900.000 euros

Un fait inédit qui ne serait pas sans conséquences… « Si un tel cas survenait, il est probable que la filiale créée pour le parc dépose le bilan… Ces entreprises ne sont jamais propriétaires du foncier, elles fonctionnent avec un bail emphytéotique. Cela signifie que le démantèlement complet sera alors à la charge du propriétaire. » Si une provision de 50.000 euros par éolienne est prévue en vue du démontage, « selon nos devis, le démantèlement complet d’une éolienne est plus proche de… 900.000 euros. »

Mais les enjeux sont à double tranchant : « En revanche, si la construction de ces éoliennes de 125 mètres - deux fois la hauteur des tours de Notre-Dame de Paris - était finalement validée, en covisibilité directe avec la Sainte-Victoire ou la basilique de Saint-Maximin, cela pourrait ouvrir un précédent, une brèche autorisant la création d’autres parcs, en Provence comme ailleurs. J’ai déjà combattu des parcs en covisibilité avec le Pont du Gard, les promoteurs ne reculent devant rien… »

Si la décision en référé doit être connue rapidement, il est probable que celle-ci ne constitue finalement qu’un épisode de plus dans ce long feuilleton, commencé il y a déjà quinze ans.

Les éoliennes en cours d’installation sur les territoires des communes d’Artigues et Ollières gagnent régulièrement en visibilité… Ce qui les expose également à des réactions, de satisfaction mais plus souvent d’hostilité.

Ainsi, l’association « Les amis des montagnes d’Azur » (« Lama »), basée à Saint-Auban (Alpes-Maritimes) a souhaité réagir à notre article consacré à ce projet éolien d’installation de 22 éoliennes de 125 mètres de haut (notre édition du 7 mai).

« Lama » explique se préoccuper « de la préservation de l’environnement » et a combattu - pour l’heure avec succès - plusieurs projets éoliens ces dernières années dans les Alpes-Maritimes.

« 5 À 6 % » DES BESOINS DE 100.000 HABITANTS

« Lama » tempère d’emblée l’affirmation de l’entreprise “Terre et lac conseil” selon laquelle ces 22 éoliennes couvriraient les besoins en électricité (hors chauffage) de 100 000 habitants. Ce chiffre fait « sans doute référence au site www.agence-france-electricite.fr, qui indique que la consommation moyenne pour l’éclairage et l’électroménager pour une personne, est 1.100 kilowatts heure (KWh) /an en moyenne, soit environ 3 KWh/ jour et par personne, quelle que soit la surface du logement ».

Pour l’association et sa présidente Ruth Jessop, « cela ne reflète pas du tout les besoins réels par habitant. (...) Cela n’a pas de sens de déconnecter les foyers de ce qui leur permet de vivre (four du boulanger, frigo du boucher, éclairage des commerces et des rues, tramways, hôpital, etc). Il est établi qu’un seul Français nécessite 150 KWh/ jour d’énergie primaire (pétrole, gaz, charbon, nucléaire, renouvelables). »

Sur cette base de calcul bien différente, la consommation pour 100.000 habitants se monte à 5 475 GWh/an. Si l’on en soustrait les énergies de chauffage, de déplacements, en lien avec le pétrole, « qui représentent à peu près la moitié de l’énergie consommée », l’association en conclut que les 22 éoliennes produiront 120 GWh/an soit « autour de 5 à 6 % du chiffre annoncé pour alimenter 100.000 personnes ».

BILAN CARBONE

Les vertus durables de l’énergie éolienne sont également contestées, chiffres à l’appui. Alors que le nucléaire produit 12 g de CO2 par KWh produit, l’éolien « ne réduit en rien ces rejets », car il rejette en théorie, cette même quantité de 12 g. En théorie, car cela suppose que les éoliennes fonctionnent « à 100 % du temps à plein régime ».

En réalité, « l’éolien en France, a en moyenne, un facteur de charge (1) de 23 % ; 28,3 % pour cette installation », observe l’association. Lorsque le vent vient à manquer, « on est obligé de mettre en marche des centrales à gaz pour combler le facteur de charge restant, soit 72 % pour cette installation, afin de pallier l’arrêt des éoliennes. »

Une centrale à gaz correspondant « à 500 g de CO2 par KWh d’électricité produite, on ne diminue donc pas le CO2, mais on l’augmente au contraire très fortement ! »

L’association propose son propre calcul du prorata de CO2/ KWh du mix éolien et gaz : « On passe d’un taux de 12 g de CO2 (nucléaire) à un taux de 363 g de CO2 ! Et, dans ce cas, on a multiplié par plus de 30 l’impact CO2 ».

Pour parachever ce sinistre tableau, « Lama » précise que « ce décompte du CO2 ne préjuge pas du CO2 libéré lorsqu’il faudra démonter ces éoliennes dans 15 ou 20 ans pour cause de vétusté, ni des dégâts occasionnés à l’environnement par les 1.500 tonnes de béton armé formant chacun des socles qui, eux, ont toutes les chances de rester définitivement enfouis dans le sol. »

S’il est aujourd’hui trop tard pour contrer le projet d’Ollières-Artigues, les opposants à l’éolien - nombreux et actifs dans la région - semblent déterminés à faire en sorte que celui-ci ne constitue qu’une exception, et pas un précédent.

Inefficace, voire nocif, en termes d’émissions de CO2, nécessitant des socles béton quasi indémontables, l’éolien n’est pas aussi vertueux que ses promoteurs le disent.
Inefficace, voire nocif, en termes d’émissions de CO2, nécessitant des socles béton quasi indémontables, l’éolien n’est pas aussi vertueux que ses promoteurs le disent. doc

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Date de dernière mise à jour : 2020-06-01

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