Les contraintes militaires croissantes menacent la filière éolienne terrestre
Les contraintes militaires croissantes menacent la filière éolienne terrestre
La France possède le deuxième gisement éolien d’Europe. Mais les contraintes militaires menacent les futurs projets et risquent de mettre en échec les objectifs de la loi de transition énergétique.
Par Stéphane Mandard Publié le 13 octobre 2017 à 06h58 - Mis à jour le 13 octobre 2017 à 17h13
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« La filière éolienne terrestre est mort-née. » C’est Jean-Yves Grandidier, patron du groupe Valorem, pionnier du secteur en France, qui le dit. Pour le cofondateur du syndicat professionnel France énergie éolienne (FEE), l’objectif de la loi de transition énergétique (parvenir, à l’horizon 2030, à couvrir 32 % de nos besoins par les énergies renouvelables, contre 16 % aujourd’hui) est intenable. Pourquoi ? Parce que l’éolien, qui représente aujourd’hui environ 4 % de la production d’électricité, ne parviendra pas aux 20 % à 30 % nécessaires pour tenir cet objectif.
La faute à une multitude de contraintes (habitations, monuments, centrales nucléaires, zones Natura 2000, aéroports, radars météorologiques…) qui risquent de réduire comme peau de chagrin l’espace autorisé pour le développement des éoliennes, alors même que le pays possède le deuxième gisement européen après le Royaume-Uni. Entre ceux qui leur reprochent d’être trop bruyantes, de dénaturer le paysage, et ceux qui les accusent de tuer les oiseaux ou les chauves-souris, les opposants sont légion. Aujourd’hui, 53 % des projets éoliens (soit 235) font l’objet d’un recours en justice.
Mais, ce qui inquiète le plus les professionnels du secteur, ce sont les contraintes militaires. Secteur d’entraînement ou réseau très basse altitude de la défense, zones de vols tactiques pour hélicoptères de combat, zones interdites ou dangereuses… FEE estime qu’environ 6 500 MW de projets sont gelés par l’armée. Mais le pire est peut-être à venir, si l’on en croit M. Grandidier.
Projet de décret
Dans un ouvrage à paraître jeudi 19 octobre (Le Vent nous portera, Gallimard, 189 p., 15 euros), écrit avec le journaliste Gilles Luneau, il montre, cartes à l’appui, que les contraintes militaires et celles liées aux centrales nucléaires se sont multipliées. Elles interdisaient 12,3 % du territoire métropolitain au développement des éoliennes en 2013, 50,25 % en 2016 et ce pourcentage, une fois l’ensemble de ces obstacles pris en compte, pourrait monter à 86 % dans un proche avenir, transformant en « confettis » les territoires autorisés à en accueillir.
En cause, un projet d’extension de la zone tampon autour des radars militaires d’un rayon de 30 km (norme actuelle) à 70 km. Les éoliennes sont dans le collimateur de l’armée, car elles renvoient un signal qui, pour résumer, peut faire prendre à un radar des éoliennes pour des avions ou l’empêcher de détecter un avion qui passerait derrière un champ d’éoliennes.